dimanche 13 février 2011

Alexandre Jollien et la difficulté du quotidien


Interview d'Alexandre jollien (2)

Présence Pure d'Alzheimer avec Christian Bobin


Dans un livre délicat, La Présence pure, Christian Bobin a conté l’accompagnement de son père, atteint de la maladie Alzheimer. Il montre comment cette maladie renvoie le « bien portant » à ses propres limites.

Si vous, Christian Bobin, poète de la présence, appreniez que vous êtes touché par cette maladie de l’absence, comment réagiriez-vous ?

Pour quelqu’un qui voue sa vie à l’écriture, perdre cette capacité, et le sens immédiat des choses, cela doit être très… Comment dire… ? (long silence). Je crois que je garderais le lien d’émerveillement avec la vie. Curieusement, l’émerveillement est le propre de cette maladie. Elle s’est annoncée chez mon père par des paroles étranges, mais j’ignorais alors que c’était les premières marques, au dedans, de cette bête qui ronge la conscience et en laisse assez pour qu’il connaisse, par instants, l’horreur d’être là. Mon père, revenant de courses, – un trajet quotidien, depuis des dizaines d’années, dans les rues du Creusot – dit : « Je ne reconnais plus rien, tout est neuf. Je suis très étonné : le monde est neuf. » J’aimerais rester dans une relation d’émerveillement… et ne pas trop faire souffrir mon entourage. Mais est-ce possible ?

Cette maladie est très douloureuse pour les proches ?

Effectivement. Et j’entends souvent dire : « À quoi sert de leur rendre visite, ils ne nous reconnaissent plus… Un père ne reconnaît plus son fils, une femme ne reconnaît plus son mari… » Les mots se sont cassés comme de la porcelaine ; le langage est « ébréché », affecté, mais pas le cœur profond. Le langage est comme une coupe qui serait remplie à ras bord de silence, de lumière et de sens ; cette coupe, de par le choc de la maladie, perd un peu de son contenu ; ce qui fait que le malade ne retrouve plus les mots adéquats. En revanche, le cœur est intact, et le lien demeure même s’il est remis aux puissances du silence, du secret, de la pudeur – et de « choses » difficiles à reconnaître et à nommer.

L’accompagnement de votre papa a-t-il changé votre façon de voir votre métier d’écrivain ?

Ma vie est vouée à une bouteille d’encre. Mon existence est pleine de tâches d’encre, du bruit de pages tournées… Je lis beaucoup, j’écris beaucoup. Mais tout ça, n’est-ce pas inutile, dans un sens ? Ça l’était en tout cas quand je me trouvais assis à côté de mon père, à côté des personnes devenues ses frères parce qu’elles étaient affectées du même mal. Ma pauvre science d’écrivain n’avait plus d’emploi quand j’étais à côté de mon père, souriant et comme rêveur, avec son visage traversé de nuages erratiques. Étrangement, moi qui ne peux me passer de lire ou d’écrire, je n’avais plus besoin de cela quand j’étais avec lui.

Vous racontez : « Mon père, lui, n’a plus ce souci des apparences. Plusieurs fois je l’ai vu se pencher comme un adolescent devant des malades particulièrement disgraciés et leur dire : "Vous avez un merveilleux visage, je ne vous oublierai jamais." » Vous ajoutez : « Cette scène à chaque fois me bouleverse comme si l’infirmité pendant un instant n’était plus dans le camp de mon père mais dans le mien. » Cette maladie vous a-t-elle révélé certaines de vos infirmités ?

Oh, oui ! On aide jamais assez ses proches et autrui. On est maladroit, on ne sait pas toujours comment faire, mais peu importe : on aide jamais assez. Bien sûr, cela montre nos déficiences. Mais cela révèle aussi quelque chose qui est en nous. Blaise Pascal dit que, lorsque nous voyons un homme qui boîte, on ne s’offusque pas, on n’est pas irrité. Par contre, on s’impatiente, on s’irrite vite devant un homme qui bégaye ou qui ne trouve pas ses mots. Pourquoi ? Dans le premier cas, l’infirmité ne parle que de la personne et de son corps. Dans le deuxième cas, l’infirmité parle de toute l’espèce humaine, de la fragilité de l’esprit, de celle de notre langage, le manque d’assise de nos savoirs. C’est devant nous-mêmes que nous nous irritons.

« Ces gens dont l’âme et la chair sont blessées ont une grandeur que n’auront jamais ceux qui portent leur vie en triomphe », écrivez-vous. On a du mal à vous croire lorsqu’on voit certaines « épaves » ?

Les vraies « épaves », c’est nous-mêmes ! Il n’y a aucune différence entre eux et nous, je le dis avec le maximum de puissance possible. Aucune différence entre un humain et un autre humain. Simplement, il y a une muraille, par moment invisible, qui est celle de notre propre intelligence.


Extraits de « La Présence pure »

« Mon père dans ses promenades aime qu’on le prenne par la main, comme ces enfants qui dans les aires de jeux marchent craintivement sur une poutre étroite, réconfortés par le poids, dans leur main, d’une main aimante.

Il me faut à chaque fois quelques minutes pour aller à son pas et le rejoindre dans cette lenteur propre au début à et à la fin de la vie.

Je suis né dans un monde qui commençait à ne plus vouloir entendre parler de la mort et qui est aujourd’hui parvenu à ses fins, sans comprendre qu’il s’est du coup condamné à ne plus entendre parler de la grâce.


Dans ce monde qui ne rêve que de beauté et de jeunesse, la mort ne peut plus venir qu’à la dérobée, comme un serviteur disgracieux que l’on ferait passer par l’office. »

Trouvé sur le très beau blog Phytospiritualité : http://spinescent.blogspot.com/

samedi 12 février 2011

Rêve ou réalité


Le temps ?
Vous y croyez ? Il existe vraiment ?

Cette croyance ne prend-elle pas tout notre ...temps ?

Où est le temps sinon dans l'idée, le rêve ?

Nous voilà joliment ficelé à cette idée au moyen d'une corde tissée d'illusion.
Cet enchaînement nous garde prisonnier de nous-même.
Quelle idée !
Et on y tient, alors que c'est cela qui nous tient.

Dès que le temps apparaît, déjà la peur de le perdre.

Peur de perdre son temps, peur de manquer quelque chose, peur de rater sa vie, peur de mourir, peur de vivre.

Est-ce possible de perdre ce qui n'existe pas ?

Impossible de perdre son temps.

Rien ne peut jamais être perdu sauf dans l’imaginaire qu’on doit faire quelque chose de sa vie.
Imaginaire oui.

La vie a juste besoin d’être vécu intensément, d’instant en instant.
Il n’y a rien à réussir et rien qu’on puisse échouer, des foutaises tout ça.

Le plus grand défi est d’échapper à ces sottises et vivre en accord avec ce qui arrive sans nourrir l’espoir que quelque chose d’autre devrait arriver. S’imaginer que ce serait mieux avec ceci … avec cela, à cet endroit, de cette manière, ailleurs, autrement … c’est courir droit vers la déception. Il n’y a rien dans les situations, y projeter son bonheur nous garde dans la bêtise.

On peut tout faire : s’amuser, jouer, travailler, étudier ou non, avoir des enfants ou non, sans nourrir « l’idée » que la joie est la dedans, devant, en avant.
C’est faux, la joie est déjà là, en amont de toute chose. C’est même elle qui nous fait essayer ceci ou cela.

Vivre c’est bouger, agir, expérimenter, explorer. L’action juste est libre du commentaire que c’est bon ou pas. C’est comme c’est, voilà tout.
Des fois il pleut, des fois il fait soleil, les deux arrivent et passent.

Fin de l’histoire.

L’enfant étudie, c’est merveilleux.
L’enfant continue, arrête, change d’option n’est pas moins merveilleux.

Le bourrage de crâne est un bel exercice en soi. Que cela serve ou non, qu’est-ce qu’on en sait? Le jogging des neurones est en soi une très grande richesse. Tant et tant de personnes aimeraient un jour avoir ce privilège. La capacité d’étudier est un cadeau. Appréciez.

Le travail est là. Appréciez la chance que vous avez d'exploiter et d'être exploité, tant et tant de personne prendrait votre place.

Le chômage est là. Appréciez d'être libre de votre ...temps. Hi

La maladie est là? Cela vous ralentit et vous donne peut-être le privilège et l’obligation de vous arrêter. Quelle chance vous avez! Alors que la plupart des gens courent comme des fous, passent leur journée enfermé, manquent la beauté du monde et la richesse du contact avec leurs êtres chers, vous êtes au première loge pour observer les clairs de lune et les plus disposés à trouver la recette du bonheur et la meilleur façon de dire je t’aime…..


La vie, si on regarde bien, se fout pas mal des projets qu’on entretient vis-à-vis d’elle. Des fois, elle fait oui, des fois elle fait non. Au bout du compte, y’a pas de faute, personne s’est trompé. Sinon quoi, les gens faibles, malades ou pauvres seraient tous des imbéciles, des gens malhabiles, stupides qui auraient fait de mauvais choix ?

On ne fait pas de choix, ce sont les choix qui se font en nous selon nos aptitudes, nos capacités et les possibilités qui sont là et qu’on ne peut décider.

Tout nous est donné.
Tout nous sera retiré.

Alors quoi !

Souriez, dansez.

Luce

mardi 1 février 2011

Ta réalité, la vérité ?


“Le rêve est le canevas sur lequel est peint ton histoire personnelle...alors regarde-le pour reconnaître que c'est une illusion! Cesse de vouloir y ajouter une couleur différente pour satisfaire tes désirs. Voir le rêve n'est pas améliorer ce rêve, c’est simplement voir le mécanisme en action. Tout ce que tu vois est ta réalité et non pas la Vérité.”

Betty