jeudi 25 mars 2010

Lettre à ma mère

Cela sourit
Sur ton visage
Sur le mien
Le même éclat

Éclat de joie

Plus le temps
Plus de temps
Que l’instant

Présent
Vivant

C’est Cela
Cela est
Et
C’est bien suffisant

Merci Paulo
De me ramener à Cela qui se perd dans le temps.

Ta mémoire a foutu le camp
Tu as perdu le fil
Et tu es redevenu la petite fille

Celle qui s’est cherché toute sa vie
Et qui était piégé dans le temps,
Endormie dans les histoires.

La mémoire
T’as permis de fonctionner
Comme elle le fait pour nous tous encore.
Mais, de ta résidence tu nous rappelles
Que la vie est au-delà
Des rôles que nous jouons
Et des mots pour se dire, se raconter, se justifier.

Tu nous offres le grand témoignage
Le plus grand

Que la vie est hors du temps
Que la mémoire, le futur
Aident au fonctionnement de la vie
Mais que ce n’est pas la vie.

La réalité est ce qu’elle est,
Pas l’idée qu’on en a.

Comme un enfant tu ne penses pas ta vie, tu la vis.
Comme c’est beau et simple.

L’enfant comme le vieillard est plus proche de la réalité
Plus vivant que les bien pensants qui t’entourent
Prisonniers de leurs désirs imaginaires.

En te regardant, je ne sais pas vraiment
Qui est le plus misérable ?
Qui est le plus vivant ?
Qui est le plus confus ?

Y’a pas à savoir n’est-ce pas ?

Le sourire sur ton visage
Est la plus belle chose qui me soit donné de voir
Et quand tu dis : je t’aime,
C’est le plus beau son qui me soit donné d’entendre.

C’est un privilège de te visiter.

Merci
Merci d’Être
Merci d’être là


Luce
16-01-2010



''La maladie d'Alzheimer enlève ce que l'éducation a mis dans la personne et fait remonter le coeur en surface''
Christian Bobin