mercredi 31 mars 2010
Silence
''Entre la terre et le ciel, une échelle. Le silence est au sommet de cette échelle. La parole ou l'écriture, si persuasives soient-elles, n'en sont que des degrés intermédiaires. Il faut n'y poser le pied que légèrement, sans insister.
Parler, c'est tôt ou tard faire le malin. Écrire, c'est tôt ou tard faire le malin. À un moment ou un autre. Inévitablement. Irrésistiblement. Seul le silence est sans malice. Le silence est premier et dernier. Le silence est amour''.
Christian Bobin
dimanche 28 mars 2010
Tristesse, sentiment ultime
Extrait du livre
«Le seul désir. Dans la nudité des tantra»
par Eric Baret
La tristesse est une des émotions profondes et il faut la garder sans objet. La tristesse ou mélancolie est un des sentiments essentiels. Une sorte de pressentiment de la tranquillité. Profondément, c'est sentir que ce que l'on cherche n'est pas atteignable dans les situations objectives. Je sens que, quoi que je fasse, la motivation qui me dirige, qui est unique et qui est celle d'être tranquille, ne trouvera pas son achèvement.
Lorsque vient une forme de maturité, cette tristesse est constamment là car, quoi que je fasse, je sais que je ne trouverai pas ce que je prétends trouver. La tristesse dans ce sens-là est une forme de maturité. Quand on connaît cette tristesse, on ne peut plus tomber amoureux. Tomber amoureux serait prétendre, encore une fois, que je vais pouvoir trouver quelque chose quelque part, ce qui est impossible dans la maturité. Dans cette tristesse, il ne reste plus aucune place pour l'attente d'une quelconque satisfaction dans le monde objectif, dans le monde phénoménal.
Quand je vois clairement qu'aucune situation phénoménale ne pourra jamais me satisfaire, que je vis avec cette constatation, cette tristesse devient un alanguissement, un pressentiment. Ce n'est plus la tristesse de quelque chose qui manque, mais c'est comme un parfum auquel petit à petit le nez se fait. Au début, le parfum est dans l'espace, on ne peut pas sentir d'où il vient, puis peu à peu on décèle son origine.
Quand on a la maturité de garder la tristesse, il se produit une certaine remontée à la source. Mais les gens qui constamment nient la tristesse, qui tombent amoureux, qui s'extasient de ceci ou de cela ne peuvent jamais remonter à la source. Ils ont cet alanguissement sur le moment, puis ils nient son authenticité en pensant de nouveau qu'une relation, qu'une situation, que quelque chose va les accomplir... Vient un moment où on ne nie plus cette tristesse.
Il n'y a rien qui puisse nous faire aller en l'avant. Quoi qui se passe, c'est la même chose. Il n'y a plus de dynamisme intentionnel. Il y a un dynamisme organique, parce que la nature de la vie, c'est l'action, mais il n'y a rien qui nous fait bouger vers quelque chose. A ce moment-là, cette tristesse devient une vraie tristesse. Et elle se révèle être un chemin, comme une fumée que l'on suit, qui va ramener vers ce qui est pressenti... Cela devient une nostalgie. Mais la moindre trahison de cette nostalgie, penser que ceci ou cela va me satisfaire, me ramène à la confusion.
Selon l'approche indienne, la tristesse est le sentiment ultime. C'est le sentiment de la séparation. Toute la musique indienne est fondée sur le sens de la séparation. Dans l'art de la miniature des contreforts de l'Himalaya, on voit souvent Radha en train de chercher Krishna.
L'émotion de base, c'est la tristesse. Cette tristesse ne laisse aucune place pour quelqu'un d'autre, aucune place pour tomber amoureux d'autre chose. Cette tristesse brûle toutes les situations objectives. Plus aucune attente n'est possible... A ce moment-là, cette tristesse se transforme de manière alchimique en pressentiment non-objectif. Il n'y a pas de direction à ce pressentiment qui devient une manière de vivre, qui ne laisse plus aucune place pour un dynamisme d'aller quelque part, d'attendre, d'espérer. Cela, c'est la vraie tristesse.
Mais tant que l'on est triste de quelque chose, triste parce que quelque chose n'est pas là ou que quelque chose est arrivé, on nie cette vraie tristesse. Alors on reste collé à la tristesse, qui devient une forme de poison pour le corps, pour le psychisme, pour la pensée. C'est dans cette conviction qu'il n'y a rien pour moi dans les situations objectives que cette tristesse se transmue en pressentiment.
Il n'y a rien à faire pour cela; c'est une maturation. Je ne peux pas mûrir volontairement, mais je peux me rendre compte de ma non-maturité. Je peux me rendre compte que je suis constamment attiré par ceci, par cela, que constamment j'essaie de créer une relation, de maintenir une relation, d'espérer une relation, de vouloir arrêter une relation, de vouloir ceci, de vouloir cela, de me trouver comme ceci, comme cela, de penser que finalement, peut-être quand j'aurai fait ceci, atteint cela, cela ira mieux. C'est une prétention, une négation du pressentiment profond qu'il n'y a rien qui puisse me satisfaire. Quand je nie ce pressentiment en attendant quelque chose qui puisse me satisfaire, la vie est misérable. Lorsque je vois clairement ce mécanisme en moi, alors la tristesse n'est plus triste. Elle devient un pressentiment, un jeûne du coeur.
La compréhension qu'il n'y a rien pour moi dans le monde objectif est un jeûne de la pensée. Mais le plus important est le jeûne du coeur: la tristesse. Je ne me cherche plus dans l'émotion. La seule émotion que je veuille, c'est cette tristesse et ce pressentiment. Il n'y a aucune ramification objective, aucune direction pour moi...
Être ouvert à la tristesse est la fidélité à la réalité de l'instant. Débarrassé de toutes ses attaches intentionnelles, cette tristesse s'effondre dans notre écoute. Fidélité sans objet à l'essentiel. Larmes de joie.
Jai Sat Chit Anand
samedi 27 mars 2010
Tai Chi Chat
Aux aguets
Oreilles pointées
Nez sous le vent
Attentif
Silencieux
Présence totale
De ma fenêtre je le vois
Flairer sa proie
Derrière le buisson
Frémissant
Frétillant
Le moment venu
Il se lance et
Rate son coup
Il sort de là
Reprend son chemin
Présence totale
Attentif
Facile la vie de chat
L’humain s’y perdrait dans l’analyse de l’échec
Dans les frais de psychologie
La compréhension du manque et du deuil
Cette histoire le tiendrait occupé des années
Compliqué la vie d’un humain
La présence à l’instant
Apparaît
Dans l’absence du moi
Le chat n’est pas un chat
Il EST
Simplement
Sans commentaire
L’humain s’acharne à être quelqu’un
Un moi séparé
Mieux, moins, plus, autrement, ailleurs, hier, demain
Son acharnement l’épuise, mais il ne lâche pas
Il y tient
Et ça le tient
Dommage, son manque de vigilance lui fait manquer tous les coups
La seule cible possible et inévitable est la souffrance
Là, il sait y faire
Totalement
Le chat attentif à ce qui est
L’homme obsédé par ce qui devrait être
Le chat ronronne
Pendant que nous râlons sur ce qui manque
Goûter un instant la vie simple
Marcher comme un chat
Tai Chi
vendredi 26 mars 2010
La souffrance
jeudi 25 mars 2010
Lettre à ma mère
Cela sourit
Sur ton visage
Sur le mien
Le même éclat
Éclat de joie
Plus le temps
Plus de temps
Que l’instant
Présent
Vivant
C’est Cela
Cela est
Et
C’est bien suffisant
Merci Paulo
De me ramener à Cela qui se perd dans le temps.
Ta mémoire a foutu le camp
Tu as perdu le fil
Et tu es redevenu la petite fille
Celle qui s’est cherché toute sa vie
Et qui était piégé dans le temps,
Endormie dans les histoires.
La mémoire
T’as permis de fonctionner
Comme elle le fait pour nous tous encore.
Mais, de ta résidence tu nous rappelles
Que la vie est au-delà
Des rôles que nous jouons
Et des mots pour se dire, se raconter, se justifier.
Tu nous offres le grand témoignage
Le plus grand
Que la vie est hors du temps
Que la mémoire, le futur
Aident au fonctionnement de la vie
Mais que ce n’est pas la vie.
La réalité est ce qu’elle est,
Pas l’idée qu’on en a.
Comme un enfant tu ne penses pas ta vie, tu la vis.
Comme c’est beau et simple.
L’enfant comme le vieillard est plus proche de la réalité
Plus vivant que les bien pensants qui t’entourent
Prisonniers de leurs désirs imaginaires.
En te regardant, je ne sais pas vraiment
Qui est le plus misérable ?
Qui est le plus vivant ?
Qui est le plus confus ?
Y’a pas à savoir n’est-ce pas ?
Le sourire sur ton visage
Est la plus belle chose qui me soit donné de voir
Et quand tu dis : je t’aime,
C’est le plus beau son qui me soit donné d’entendre.
C’est un privilège de te visiter.
Merci
Merci d’Être
Merci d’être là
Luce
16-01-2010
Sur ton visage
Sur le mien
Le même éclat
Éclat de joie
Plus le temps
Plus de temps
Que l’instant
Présent
Vivant
C’est Cela
Cela est
Et
C’est bien suffisant
Merci Paulo
De me ramener à Cela qui se perd dans le temps.
Ta mémoire a foutu le camp
Tu as perdu le fil
Et tu es redevenu la petite fille
Celle qui s’est cherché toute sa vie
Et qui était piégé dans le temps,
Endormie dans les histoires.
La mémoire
T’as permis de fonctionner
Comme elle le fait pour nous tous encore.
Mais, de ta résidence tu nous rappelles
Que la vie est au-delà
Des rôles que nous jouons
Et des mots pour se dire, se raconter, se justifier.
Tu nous offres le grand témoignage
Le plus grand
Que la vie est hors du temps
Que la mémoire, le futur
Aident au fonctionnement de la vie
Mais que ce n’est pas la vie.
La réalité est ce qu’elle est,
Pas l’idée qu’on en a.
Comme un enfant tu ne penses pas ta vie, tu la vis.
Comme c’est beau et simple.
L’enfant comme le vieillard est plus proche de la réalité
Plus vivant que les bien pensants qui t’entourent
Prisonniers de leurs désirs imaginaires.
En te regardant, je ne sais pas vraiment
Qui est le plus misérable ?
Qui est le plus vivant ?
Qui est le plus confus ?
Y’a pas à savoir n’est-ce pas ?
Le sourire sur ton visage
Est la plus belle chose qui me soit donné de voir
Et quand tu dis : je t’aime,
C’est le plus beau son qui me soit donné d’entendre.
C’est un privilège de te visiter.
Merci
Merci d’Être
Merci d’être là
Luce
16-01-2010
''La maladie d'Alzheimer enlève ce que l'éducation a mis dans la personne et fait remonter le coeur en surface''Christian Bobin
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