dimanche 5 octobre 2014

" Mon faire consiste à être. "

Pourtant, si nous vivions davantage dans l’être, notre vie aurait plus de sens. 

Etty Hillesum (1914-1943) a vécu une conversion fondamentale. Au cœur de la Seconde Guerre mondiale, cette jeune femme juive a préféré la consistance de l’être à l’effervescence de la vie. Elle notait dans son journal : " Mon faire consistera à être. " Cet enracinement paradoxal dans l’être lui a permis de se tenir debout, toujours présente aux autres, jusqu’aux heures décisives d’Auschwitz. Alors que l’action n’était plus une priorité, le jaillissement spontané d’elle-même à l’être l’avait rendue à sa vérité.

" Être présent à cent pour cent ", écrit-elle encore. Une quête de plénitude l’anime, plus qu’une quête de sens. Une quête de stabilité intérieure, une soif de réalité, en réaction à l’extrême dispersion de la vie. Le problème de nos existences n’est pas tant le manque de sens que l’inconsistance de nos intérêts, de nos soucis, des menus plaisirs que nous poursuivons et qui nous émiettent. C’est l’essentiel que nous avons perdu, comme un squelette qui nous manque cruellement quand nous cherchons à nous redresser. Il serait vain de vouloir ranimer le dilemme désuet de l’être et du faire, l’opposition artificielle entre Marthe et Marie, l’engagement et le recueillement. Mais il faut nous méfier des fusions aussi rapides que superficielles, où l’on croit dépasser les contraires en les niant. L’équilibre est dans la hiérarchisation des valeurs, selon un axe bien net : être d’abord, être uniquement, totalement, afin que le faire devienne l’expression naturelle de ce que nous sommes. 
Ces deux valeurs demeurent complémentaires, mais l’une doit dépasser l’autre. Si l’on persiste à les croire d’égale importance, il y aura nécessairement illusion. Car elles exercent une lutte qui nous échappe, où le paraître finit toujours par l’emporter. À nous donc de choisir à laquelle donner la primauté qui orientera toute notre existence. Or l’extériorité ne peut pas avoir la primeur sur toute une vie. Le besoin de visibilité, de reconnaissance à tout prix, devient alors une tyrannie qui ruine toute profondeur, et finalement toute crédibilité.

La vie est simple.


 Issue d’une histoire ancienne sur la faim 
L’allégorie des longues cuillères” 
nous enseigne que lorsque nous essayons de nous nourrir seuls, 
tout le monde souffre de la faim et qu'en s'ouvrant au monde qui nous entoure, 
nous retrouvons l'Unité, 
le lien sacré qui nous relie plutôt que nous séparer. 
Nous accédons alors à tous les possibles. 
La faim disparait et il en est ainsi pour tous les besoins. 
Nous sommes UN.